vendredi 13 novembre 2009

Un projet Jeunesse pour le XXIème siècle

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VOLET I. - Europe Projet jeunesse : une éducation d'un nouveau type

VOLET II. - Le monde du travail : les métiers
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Et pour commencer, retournons à la racine du problème :

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ANALYSE CRITIQUE des troubles contemporains
de l’enfance et de la jeunesse
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Je remarque que, phénomène du temps car nourries depuis 130 ans d’une pensée à tonalité freudienne puis lacanienne, la plupart des analyses que je rencontre sur ce problème s’attardent essentiellement - pour ne pas dire exclusivement - sur les problématiques psychoaffectives de ces jeunes = ce qui, l’expérience le prouve, n’apporte pas aux solutions proposées une dynamique réellement adaptée; elles perdent donc en efficacité.
Loin de moi l’idée de nier l’existence de cette dimension mais il faut bien considérer que, la société ayant beaucoup changé depuis 130 ans, l’ensemble des problèmes que nous rencontrons aujourd’hui concerne une strate psychique bien différente de la construction de soi.

Les problèmes rencontrés aujourd’hui sont en effet - dans leur essence –
liés à la NON-CONSTRUCTION de l’appareil mental.

De quoi s’agit-il ?
L’appareil d’abstraction se construit dès les premières années de la vie à travers une exploration de plus en plus consciente du monde. Les objets réfléchissent notre action possible sur eux tandis que notre gestuelle s’adapte aux lois de la matière. C’est ainsi que mémoire, langage et réflexion se mettent en place, en même temps que sentiment d’être et savoir-faire.

Or nous constatons aujourd’hui un attrait pour le virtuel qui s’accompagne d’un désinvestissement caractérisé pour tout ce qui concerne une implication corporelle - réalisation manuelle, savoir-faire artisanal, expérimentation de la matière, etc …. En même temps et dans la même ligne, se joue de façon majeure l’immédiateté de la satisfaction des envies = c’est ainsi que pour ces jeunes ne peut physiologiquement s’inscrire en mémoire le déroulement d’un temps VECU : il s’ensuit peu ou pas de savoir-faire, quasiment aucune expérience engrangée et donc pas de REFLEXION possible.

L’origine de ces problèmes se situe donc EN AMONT des problèmes dits « oedipiens », car elle concerne le stade oralo-anal ou stade de la construction de « l’objet permanent » ; il s’élabore dans les 2 premières années de la vie !!!

Il s’ensuit au plan du développement de ces jeunes, tout un chapelet de dysfonctionnements résultant directement de leur attitude face à la vie et du comportement qu’elle entraîne :
  1. Hyperactivité et manque de confiance en soi,
  2. désorientation spatiale,
  3. manque d’imagination et de créativité,
  4. vocabulaire et expression du langage très pauvres,
  5. non construction de l’appareil logico déductif,
  6. le tableau s’aggravant avec l’âge, lorsque la puberté avance et que, perdus dans l’espace et le temps, ils se trouvent alors en incapacité de s’exprimer sous quel que mode que ce soit, incapacité à se réaliser en tant que sujet et à prendre place dans la société. Ils entrent alors en dépression, celle-ci se traduisant bien souvent par une réaction violente, contre eux-mêmes ou contre l’extérieur.

Concernant cette analyse, je voudrais citer le retour d'une enseignante qui témoigne de son intérêt :

« ….les analyses sont excellentes, tellement éclairantes ! ...vision pénétrante des choses
Elles répondent aux questions que de nombreux enseignants - dont moi - se posent depuis des années. … ».




Cette analyse nous a conduite à concevoir le vaste Projet suivant :
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I. - EUROPE PROJET JEUNESSE
Une Education d'un nouveau type
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Ce projet part du constat suivant :
complexification progressive de l’ensemble du fonctionnement social
elle-même assortie d’une grave déshumanisation du lien = il en résulte au niveau de la jeunesse d’importants problèmes transversaux dont nous citerons les plus généraux :
- échec scolaire,
- absence de créativité et conformisme de la pensée,
- défaut d’acculturation,
- inappétence à s’investir, manque d’esprit d’entreprise
- question de citoyenneté et insertion de tous (et de toutes les minorités),
- responsabilité, autonomie et solidarité,
- … autres …


SON OBJET
- Elaborer un Projet Jeunesse du XXIème siècle,
- qui s’appuie sur la force d’Union des pays de la Communauté européenne,
- pour élaborer une trame structurelle commune à ces pays, dotée de Modules aménageables en fonction des particularités de chacun,
- garante d’une Europe unifiée dans le respect de sa diversité,
- tout en revisitant les fondamentaux, ceux qui président à placer l’HOMME au Centre du processus éducatif et du monde du travail :

créativité, respect et dignité, solidarité



DEUX VOLETS à ce projet :

A . De 2 à 10 ans ........... PROJET d'EDUCATION PRECOCE
B . A partir de 11 ans ... COLLEGE LYCEE


A - PROJET d’EDUCATION PRECOCE

partant de l’analyse suivante :
  1. que le niveau de culture de la jeunesse actuelle est faible, ce qui grève dramatiquement les échanges sociaux et le sens d’appartenance à une même communauté. Ce niveau diminue en effet de façon très sensible chez les enfants d’origine française et manque de façon notoire chez bon nombre des autres enfants,
  2. que l’éducation aujourd’hui ne met pas en valeur le sens de la responsabilité et avec lui le sens de l’engagement,
  3. que l’individualisme (à commencer par celui des adultes) gagne tout le terrain, l’AUTRE n’existant bientôt plus,

… et sachant que le Rapport 2007 de l’UNESCO sur l’Education pour Tous (la toute petite enfance)
« …. dans un monde qui change à toute vitesse, engage vivement la collectivité à prendre le relais éducatif pour compléter le rôle des parents »




DESCRIPTIF du PROJET


a . Son PRINCIPE

L’école ne peut faire front à ces problèmes massifs et d’un nouveau type. Ils débordent largement (voire même gravement) leur domaine, empêchant de plus en plus son fonctionnement.
Il convient donc de scinder en 2 parties distinctes : EDUCATION et ENSEIGNEMENT,
  • réserver à l’Education Nationale ce qui est de l’enseignement proprement dit, l’accès aux connaissances – désormais rebaptisée « Enseignement National » -, et qui sera assuré par des Professeurs,
  • mettre en place, dès 2 ans et sur toute la scolarité, une «Education d’un nouveau type » qui réponde aux objectifs résultant de cette analyse. Cette éducation d’un nouveau type devra être assurée par un organisme spécialement conçu et structuré à cet effet, indépendant du premier. Il pourrait dépendre de Ministères tels que celui de la Santé et des Affaires Sociales. L’éducation en sera assurée par différents Educateurs ayant, chacun, reçu une formation très spécifique et d’un haut niveau. Elle comportera :
  1. de 2 à 10 ans un tronc commun : « développement psychomoteur de l’enfant, construction de soi et éducation à la gestion mentale » = cf**
  2. et pour tous une formation spécifique à une thématique culturelle à laquelle ils sensibilisent = cf ****

Ainsi,

Les matinées ………………. seront réservées à l’enseignement,
Les après-midis ………….. seront réservés à l’éducation.

Le cursus scolaire, obligatoire pour tous, comprendra ces deux niveaux.



b . Les ELEMENTS de cette nouvelle éducation

Deux parties :

1. - une Education d'un nouveau type **. Celle qui est faite aujourd’hui ne semble plus ni suffisante ni adaptée aux nouveaux modes de vie. Il faut hautement intensifier l’éducation des sens dans une construction à la conscience de soi : il s’agit de leur permettre de construire un langage infra-verbal ou « corps- langage », dont le mime est un exemple parfait. Dans la même ligne, apprendre aux enfants à mémoriser en effectuant l’acte de perception (sciences de gestion mentale).

ce tronc commun aura en outre l’avantage de pouvoir se diversifier et traiter les difficultés ou handicaps spécifiques = par exemple des difficultés de type dyslexique ou bien des handicaps psychomoteurs ou encore hypoacousie … etc… Des classes d’âge ou de niveau de handicap pourront alors être regroupées en fonction de la nature des problèmes.


Le détail de cette éducation fera l’objet d’un opuscule.

2 . Une éducation humaniste**** sous forme thématique. Deux versants à cette éducation. Ils joueront en complémentarité l'un de l'autre :
  • « l’acculturation », sensibilisation à différents thèmes culturels avec apprentissage d’un savoir-faire – artistiques, artisanaux, scientifiques, développement personnel ou philosophique, …
  • « réalisation d’intérêt général » qui sera une application créative de ce qu’ils auront abordé. Les enfants devront transformer ce qu’ils ont reçu en Œuvre collective d’intérêt général qu’ils offriront à la collectivité.



c . Son ORGANISATION

  1. L’ensemble de cette éducation se fera sur toute l’année, quatre demi-journées/semaine et ceci, sur toute la scolarité.
  2. Les thèmes seront annuels, choisis de façon éclectique et dans la tradition, et ceci, dans le souci pédagogique de donner des éléments d’éducation harmonieuse, équilibrée et progressive (privilégier une tête bien faite à une tête bien pleine=Montaigne),
  3. ils développeront le lien à la terre.
  4. Ils devront être harmonieusement répartis :
Par exemple :
  • jardinage et découverte de l’écoulement du temps et des saisons, découverte de la vie,
  • le développement et affinement du langage par le mime, la poésie ou le théâtre,
  • l’écoute : chants d’oiseaux et saisons, confection d’une flûte à partir d’un morceau de bambou. Accorder l’écoute à la confection des trous.
  • imprimerie, son rôle dans la communication, sa valeur dans la socialisation,
  • savoir-faire et métiers d’autrefois : apprendre et réaliser (cuisine, tissage, mécanique, …)
  • éveil aux sciences, la Recherche, le monde et le cosmos, ateliers Fleurs de science,
  • arts martiaux, arts du cirque et maîtrise de soi,
  • les animaux : animaux sauvages et animaux domestiques, le dressage, équitation et respect de l’animal,
  • ……..

Ces ateliers seront organisés selon 2 axes :
  1. . Découverte et apprentissage, avec dimension historique et culturelle
  2. . Réalisation d’un projet commun d’intérêt général qui ouvre sur l’extérieur. Ce versant aura l’avantage d’enrichir ces découvertes de la notion de PARTAGE. Il permettra :
  • d’intégrer chacun des enfants dans une communauté d’âge et de projet,
  • celle-ci s’intégrant elle-même dans une communauté sociale plus large et qui la reconnaît. Sens de l’autre et de la responsabilité.
  • Il leur permettra en outre d’apprendre à travailler en groupe.




B – COLLEGE

Les enfants ayant désormais développé à la fois langage, capacités créatives, pensée subjective et réflexion, il conviendra d’entretenir chez eux l’esprit d’entreprise, l’esprit critique en même temps que l’aptitude à la citoyenneté et au travail en groupe.

Nous allons envisager plus particulièrement les points suivants :
  1. . Poursuivre le travail d’acculturation/expression de soi, ainsi que l’esprit citoyen
  2. . Découverte du monde du travail et des professions,
  3. . Possibilité pour ceux qui le voudraient de sortir dès 14 ans du cycle scolaire avec assurance de pouvoir réintégrer plus tard le cycle des études.
  4. . Revalorisation des métiers manuels : artisanat, mécanique, construction, agriculture : elle sera développée au volet 2 : Jeunesse au XXIème siècle et monde du travail : les métiers.

1) Concernant les animations culturelles, les mêmes thèmes pourront être repris au Collège et déclinés sur un autre mode : ils seront envisagés cette fois sur l’actuel tout en tentant d’observer et de décrypter de nouvelles pistes répondant à de nouveaux besoins de la société, et tout en abordant la découverte de technicités pointues et de gestion moderne.

Les facultés requises seront :
  • - Observation du milieu,
  • - Découverte de technicités d’avant-garde,
  • - Développer un esprit critique face à un développement à assumer (ce qui est appelé développement durable).
Ceci, alors qu’aujourd’hui nous pouvons raisonnablement penser qu’une large part des futurs métiers impliquera le corps d’une façon plus abstraite, et qu’ils s’apparenteront pour beaucoup à des « services ». Ces animations pourront être articulées avec des stages afin de les ancrer dans la réalité et ainsi contribuer à asseoir solidement la découverte du monde du travail.

Ainsi par exemple
a) Ce qui était de l’imprimerie et de son rôle dans la communication, deviendrait une éducation spécifique au numérique, - il pourrait être collaboratif de type « logiciel libre » par exemple avec ses 3 niveaux d’intervention possible :
  1. programmation et techniques numériques,
  2. leur utilisation pointue dans une conception de contenus,
  3. gestion de service et accompagnement,
tout en prenant soin de l’associer à différentes approches qui amènent à prendre conscience du risque de « déréalisation », (risque fort heureusement souligné lors de notre première Université Populaire au printemps dernier et que nous devons travailler très prochainement).

b) On pourrait envisager que certaines sections intègrent le thème suivant :
concevoir et développer sa propre micro-entreprise – avec expérimentation réelle et réalisation concrète. Cela dans le but de donner aux jeunes les outils de base (organisationnel, gestion, marketing …) qui leur permettraient d’envisager de se lancer seuls dans la vie avec plus de confiance en soi.
c) Une autre pourrait avoir pour thème : la solidarité = préparer un voyage dans le tiers monde, observer sur le terrain ce qui manque (eau propre, barrages, énergie, hygiène, dispensaires, aides maternelles…), analyse de la problématique et réfléchir sur une aide intelligente et adaptée aux coutumes du pays et à leur façon de vivre.


2) Dans cette même lignée et ainsi solidement amorcée par cette éducation d’un nouveau type, devront commencer durant ces années de Collège une forte sensibilisation aux métiers. Il conviendra que ces stages portent sur une durée de 15 jours minimum, l’idéal étant de renouveler le stage dans un 2ème passage à une époque différente de l’année.


3) Il faut envisager, pour certains élèves, la possibilité de sortir temporairement du cadre scolaire (une ou plusieurs années), et ceci afin d’intégrer le monde du travail ou celui d’un chantier de Jeunesse – en France ou à l’étranger. Cet aménagement permettra de préserver et même de stimuler tout en l’entretenant, leur esprit d’entreprise et(ou) leur esprit citoyen, tout en en leur laissant la possibilité de reprendre leurs études par la suite.


4) Revaloriser les métiers manuels. Très largement abandonnés, voire même parfaitement oubliés, en cette époque du numérique-roi, les réhabiliter est devenu une affaire de santé mentale en même temps que d’épanouissement : il convient donc de les revaloriser en leur fournissant un attrait tout particulier : « créativité et expression de soi ». Nous développerons largement quelques idées dans notre 2ème volet intitulé

: Jeunesse au XXIème siècle et monde du travail : les métiers.



C - LYCEES

Pour les classes de lycée, on devrait jouer sur leur maturité,
et ouvrir les jeunes à la réflexion sur l’Interculturel.
Avec pour commencer une culture assez proche : l’interculturel européen,
Puis l’année suivante sur l’interculturel oriental ou africain ou encore sud-américain …
Il conviendra de toujours favoriser l’expérimentation sur les deux versants :
1) lien à la terre et expression infra verbale (artisanat ou art, gestuelle et danse),
2) abstraction et langage




D - ETUDES, FORMATION
et ENTREE DANS LA VIE PROFESSIONNELLE


Nous n'avons pas encore développé ce très vaste sujet.

Cependant, deux questions majeures ici :
1. la question de l’autonomie financière et du logement,
2. la question de la formation, et je citerai le très récent livre de Christophe Dejours « Travail vivant » qui place fort bien, au cœur de la souffrance au travail, l’éviction organisée et scientifiquement conçue du « corps langage » dont il est question dans notre éducation d’un nouveau type. Témoin ce reportage très intéressant : http://www.mediapart.fr/contenu/les-impactes-la-crise-de-france-telecom



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II. - LE MONDE DU TRAVAIL : les métiers
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Santé :

L’OMS signale régulièrement que notre mode de vie est de plus en plus confronté à des problèmes de santé mentale trouvant leur origine dans des facteurs biologiques, psychiques ou sociaux.
En réponse à cela, l’OMS plaide pour une vision bio-psycho-sociale intégrée des problématiques de santé mentale, et pour une organisation de l’offre de soins adaptée à ces problèmes.

Le 4 décembre 2008
in SPF Santé Publique
Sécurité de la chaîne alimentaire et environnement
Président : Peter Degadt

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1. - Réflexions préliminaires à notre projet


Depuis la nuit des temps, l’homme a tiré fierté, dignité et reconnaissance de l’excellence de son pouvoir de transformation de la matière et de réalisation par le travail : en témoignaient déjà aux temps préhistoriques les sépultures des hommes dans lesquelles ceux-ci étaient enterrés, leurs outils à leur côté.

« La science actuelle crée de la technique mais elle ne sert pas la connaissance. Elle va de pair avec la « nuit de l’esprit » qui est l’inverse du but ultime de la science, … le but actuel du chercheur étant l’innovation … mais celle-ci ne fait pas COMPRENDRE. Pour les indiens, l'humanité inclut les végétaux, le fleuve ..., elle ne s'arrête pas à l'être humain ».

Etienne KLEIN

« Nous sommes aujourd’hui dans un contexte où la demande de soins a fait place à la demande de santé. Cela est-il possible quand on continue à parler d’assurance-maladie ? Or ne faut-il pas considérer la santé comme un tout et en particulier selon la définition de l’OMS, comme un état de bien être tant physique que moral et social ? » Dr Jean-Claude JOSEPH




  • Nous verrons comment intégrer à notre Projet ces dimensions si importantes.

Les souffrances au travail : pêles-mêles résumées, voici les principales raisons invoquées par les usagers :
- perte des relations humaines, terrible solitude,
- usage pervers et redoutable de techniques pointues de management,
- les nouveaux chefs sont des managers et ne connaissent pas le travail dans sa nature
- dictature des investisseurs elle découle du financement,
- évolution accélérée et très pressante des compétences sollicitée, la notion de rythme,

en écho, les spécialistes relèvent (nous partageons l’analyse de Christophe Dejours in "Travail vivant")

  • l'évaluation est faite selon la performance et non selon la compétence = ce qui est un principe FAUX dans son essence, l’intelligence requise relevant davantage d’une intelligence intuitive - et en premier lieu celle du corps - dans un véritable corps à corps avec la problématique à résoudre. Or celle-ci n’est pas directement évaluable et, qui plus est, elle est bien souvent difficilement explicable car très enfouie et très subtile.
  • nous devons penser les principes d’une autre politique de travail, puissante ressource qui peut être mise au service d’une organisation innovante et ambitieuse d’une nouvelle vie sociale :
  1. santé quotidienne, d’une autre façon et par l’accomplissement de soi,
  2. créativité et développement d’une pensée subjective,
  3. travail collectif, coordonner les intelligences,
  4. découpler diplôme et métier,
  5. instaurer un statut officiel de bénévole, auquel s’adjoignent les différents avantages sociaux (couverture sociale, points de formation et de retraite …)
  6. transformer le « crédit formation » en « points travail » qui évite toute poche excluante,
  7. vivre ensemble et lien social, les solidarités nouvelles,

  • Un consensus commun s’accorde à dire que le proche avenir verra fleurir une foison de TPE, des services pour une grande part. Ainsi tout un tissu de proximité devrait se développer, économe en transport et potentiellement riche en liens sociaux.
Parmi eux, ceux qui apparaissent d’évidence :
- télétravail, nouveaux services de proximité, services à la personne (de techniques, de soins), garde d’enfants, cours et formations diverses, ….
- mutualisation de services – comptabilité, gestion et commercialisation,

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Avant tout - et pour une bonne compréhension de la chose - il est important de définir ce qui va constituer le concentrateur de notre Projet, et qui permettra à la fois épanouissement et réalisation dans son travail tout en entretenant des relations humaines harmonieuses.
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Quelle place
et en quoi joue ce corps-langage dont il est question, appelé encore "intelligence du corps" ?

Composé de tous ces petits corpuscules sensoriels situés au niveau de la peau et des muscles, qui jouent dans notre exploration gestuelle du monde et notre appréhension complexe de l’environnement en les dotant des qualités que lui permettent nos 5 sens, ce corps-langage est également constitué de nos émotions et prédispositions innées auxquelles il faut ajouter la mémoire de toutes nos expériences passées , gestuelles et émotionnelles, qui s’additionnent et se trient pour finalement composer le film de notre vie ..............
Véritable mémoire vivante sollicitée à tout moment, elle permet de répondre de façon adéquate et réfléchie à un stimulus. Elle est en outre teintée d’un capital d’expériences qui dépasse le champ personnel et appartient au patrimoine de l’humanité. Celui-ci ressort alors sous forme d’intuitions, qu'elles soient gestuelles ou d’images (infra verbales), de musique, d’odeurs ou de goûts, ou encore sous forme de mots (verbales).

  • Socle de notre aptitude à une vie sociale harmonieuse, elle est le fruit de notre expérience individuelle et à ce titre, précieuse entre tout. Elle est véritablement notre trésor, à la source de notre expression créative et de notre individualité.
Il faut savoir que la plupart des dépressions aujourd’hui, qu’elles soient mentales ou vécues au niveau du corps par somatisation, proviennent du fait que notre style de vie a évincé toute cette composante corporelle du geste signifiant. Nous sommes progressivement devenus, sans nous en rendre compte, « des accros du clic » … tellement pratique par ailleurs !

.... tellement pratiques aussi .....
nous ne manquerons pas de souligner ici les nombreuses réserves qu’un nombre de plus en plus important de scientifiques s’accordent à faire
, tant concernant leur impact sur l’humeur (excitation/dépression) ou sur la santé que pour les risques non négligeables qu’encourt leur descendance,

  1. La pilule prise très précocement et (ou) durant de longues tranches de temps, ainsi que les traitements hormonaux administrés pendant la grossesse : Dr Ellen Grant Amère pilule
  2. Les vaccinations intempestives,
  3. L’élevage intensif et ses déchets non traités,
  4. La culture intensive et ses déchets non traités,
  5. Les cultures OGM,
  6. Les pesticides,
  7. Les conservateurs et la cuisine industrielle
  8. sans parler des diverses pollutions atmosphériques ..........
…… toutes choses relevant d'un usage évidemment si pratique !



2. - PROPOSITIONS :


Remettre en route les métiers du proche passé. Désormais classés au rang d’antiquités, ils seront joués sur un autre mode et hissés aux nouveaux grades de :

  • Agents de « santé autrement » suivant l’appel de l’OMS,
  • Vecteurs de nouvelles professions,
  • Vecteurs de Sens et de liens sociaux,
  • Sensibilisation pratique à une éducation citoyenne pour une Planète propre,
  • Agents de revitalisation des régions et de la ruralité,
  • Agents d’une nouvelle économie, alternative à l’actuelle course folle au PIB

a. - Ainsi pour les métiers industriels de la fin du 19ème siècle et du 20ème siècle, encore largement imprégnés de cette dimension artisanale qui implique le corps tout entier : Tissage, tricotage, filage, couture industrielle, dentelles, travail du cuir, mécanique, verrerie et poterie, coutellerie, imprimerie …….Cette remise en route pourrait - financièrement en même temps que logistiquement – être envisagée sur deux plans :

  1. Remise en route effective de l’usine, avec production industrielle à moyenne échelle - de type AMAP - et commercialisée régionalement,
  2. Conception de stages-vacances créatifs, nouveau tourisme et santé autrement (remise en forme par le savoir-faire semi-artisanal). Ils viseront à l’apprentissage de la technique avec réalisation, en coordination avec stylisme et découverte des matériaux.
Ces industries présentent l’avantage d’avoir, pour une grande part, leur structure encore accessible (métiers et même locaux), ainsi qu’un grand nombre de gens de l’Art encore en vie : ils se feront un plaisir de transmettre leur savoir-faire.

  • Ils constitueront le creuset de liens inter générationnels et histoire patrimoniale vivante.

b. - Désertification des campagnes et terres laissées à l’abandon ? Dans la même optique nous invitons à relancer agriculture, maraichage et élevage,

  1. sous forme coopérative cette fois, afin qu’une structure collaborative puisse répartir les aspects de pénibilité et d’astreinte trop contraignants.
  2. mise en pratique d'expériences nouvelles, pertinentes et novatrices : http://fermedupouzat.free.fr/, FNAB pf www.gillesclement.com/ Gilles Clément a théorisé, à la fin des années 90, l'idée du « Jardin Planétaire ». En s'intéressant aux espèces délaissées, il met en lumière la diversité (ignorée et détruite) de la planète. Son Jardin Planétaire consiste à considérer l'écologie en intégrant l'homme jusque dans ses espaces délaissés, tout en préservant l'environnement.
  3. une exploitation associée sous forme de stages découverte initiation, sanitaires et de remise en forme de longueur variable en fonction de la prescription,
  4. « séjours imprégnation » scolaires, sur une durée d’un mois – je suis en effet sidérée de voir combien nombre d’enfants n’ont plus aucune expérience de la nature sauvage, de la forêt, et n’appréhendent plus le rythme des saisons, la vie des animaux ….


c. - De la même façon, des coopératives concernant tout l’artisanat de la construction (maçonnerie, isolation, charpente et couverture, carrelage, plomberie, menuiserie, électricité, chauffage …..). Biovancances.net
La Nature & la Vie des Hommes


Conçues à la fois sous forme

  1. d’une découverte de matériaux nouveaux, propres et efficaces,
  2. et d’apprentissage effectif à la construction (coopérative ou non) de sa propre maison dans une optique analogue au fonctionnement de l’association AFUL « logiciel libre » http://aful.org/ ,
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  • il peut prendre en outre valeur d’une éducation citoyenne à un développement assumé pour une planète propre,
  • voire même d'un pôle actif de recherche à des pratiques saines et innovantes.
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3. - Comment est-ce matériellement possible ?

L’expérience de l’association LINUX, membre de l’AFUL, montre à l’évidence que ces groupements spontanés, qui oeuvrent de façon collaborative sur un sujet d’intérêt collectif, rencontrent aujourd’hui l’adhésion enthousiaste et sans cesse grandissante, et qui se greffe sur une attente confirmée. Ils offrent de plus la force dynamique et synergique de cette vaste communauté.


Ainsi déjà des structures analogues se développent et nous apprenons aujourd’hui que
le SNAE, Syndicat National des Auto-Entrepreneurs et TPE,
voit le jour. Il fonctionne sur le mode collaboratif d’une communauté de moyens. Il a comme objectif d’apporter aux TPE adhérentes des services «une mise à disposition d'une offre complète de compétences et d'avantages réservés d'ordinaire aux grandes structures, grâce à de solides partenariats ». http://www.snae.fr/


« On ne s'improvise pas entrepreneur, et au-delà de la création, l'entreprise doit vivre et prospérer !
En se regroupant au sein du SNAE, ces petites unités disposent pour les accompagner d'un panel de compétences sur des domaines spécifiques : finances, formation, droit, courtage †= souvent loin du coeur de métier de l'entrepreneur. Elles accèdent également à des privilèges jusqu'alors réservés aux structures de taille plus importante : centrale d'achat, club avantages (CE).

Surtout, la principale valeur ajoutée de ce regroupement d'intérêts réside dans la synergie créée. Les rencontres et animations à l'échelle départementale et les échanges issus de ce réseau social dédié vont générer une forte activité entre adhérents.

Par ailleurs, la ramification régionale et départementale du SNAE lui assure une proximité de terrain avec les acteurs et lui confère légitimité pour relayer au niveau national attentes et besoins en lien avec les spécificités locales.

« 2 millions et demi d'auto-entrepreneurs et TPE dont 1 million et demi d'entrepreneurs individuels †= le potentiel est énorme ! Je crois en cette synergie des forces vives. L'écoute et l'attention qu'ont réservées tant les pouvoirs publics que les partenaires déjà engagés dans notre démarche me confortent dans ma conviction »

Yves KOPP,
Président du SNAE.











mardi 10 novembre 2009

Une Enseignante parle

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A la une : Entre les murs : quand l'œuvre échappe au carcan idéologique de ses auteurs :

Annick Azerhad

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S'il est un phénomène bien connu en matière d'art, c'est la liberté et l'autonomie qu'acquiert l'œuvre une fois réalisée.

Le docu-fiction «Entre les murs» de Laurent Cantet en est une illustration. Entre ce que voit le spectateur averti et les propos tenus par leurs auteurs en guise de commentaire, la marge est grande pour ne pas parler d'abîme.

Le film est pourtant un reflet parfaitement exact de ce qui se passe dans une salle de classe des quartiers difficiles. Les réactions des élèves sont si fidèles à la réalité que l'enseignant qui a exercé dans ce type d'établissement peut même les anticiper tant elles sont devenues monnaie courante.
Dire comme certains collègues que ce que l'on voit a été exagéré témoigne tout simplement du privilège qu'ils ont eu d'enseigner dans d'autres types d'établissements (il serait temps d'ailleurs que la roue tourne au nom de l'égalité des conditions de travail). Ils sont invités à aller voir la réalité de plus près en y demandant leur mutation...

L'attitude et les propos des élèves sont ceux auxquels doivent faire face des professeurs désorientés et souvent peu soutenus : absence du désir d'apprendre liée à un état d'esprit consumériste et utilitariste véhiculé par la société, à une méconnaissance ahurissante de la langue, à une contestation de tout ce qui fait l'objet d'un savoir, au mépris du prof, de l'Institution voire du Français, du bouffon blanc appelé «toubab» dans le film, à une fermeture d'esprit de gens ghettoïsés et trompés. Oui trompés par la condescendance de médias bien pensants et d’habitants des beaux quartiers qui, étrangement, se gardent bien de mélanger leurs enfants avec la «masse» en les scolarisant ailleurs.

L'enseignant est assailli par des questions le sommant de justifier le contenu de ce qu'il enseigne par des élèves souhaitant obtenir des diplômes sans avoir à se donner la peine de les mériter. Il est vrai qu'on ne leur a guère donné le goût de l'effort. Lire une page d'un livre, c'est visiblement trop leur demander. Il faut dire que le sens de tant de mots leur échappe, la liste dressée au tableau par le professeur est impressionnante à cet égard.

Devant l'énergie herculéenne qu'il faudrait déployer envers et contre tous, le professeur abdique : il cède à la démagogie, croyant obtenir la paix. Le contenu des cours est dénué de consistance et met en œuvre des pratiques pédagodiches.

L'exercice d'argumentation devient une pratique dérisoire où des considérations stupides et communautaristes s'affrontent. L'élève passe au tableau pour énoncer des propos dont l'intérêt reste à prouver : "depuis que le Mali a été éliminé de la coupe d'Afrique, les supporters maliens ne s'y intéressent plus, ils ne sont plus solidaires" (de quoi?). L'affrontement intercommunautaire se donne libre cours : entre «Marocains» et «Maliens», rien ne va plus... N'y a-t-il pas des sujets plus intéressants sur le plan intellectuel et plus fédérateurs qu'une querelle de supporters de football en pantoufles ?

Pis encore, la fameuse consigne «l'élève au centre du système» donne lieu à un dévoiement terrifiant. Chaque élève doit faire son autoportrait (on n'ose écrire «rédiger» quand on considère les résultats obtenus). L'enseignant feint de s'intéresser à la vie de ses élèves qu'il méprise dans le fond, ce dont personne n'est dupe, pas même les intéressés. L'exercice pourrait apparaître comme un viol psychologique – qui aurait envie de se dévoiler dans le cadre d'un exercice académique qui sera lu devant tous? Il aurait au moins fallu préciser qu'en littérature, dans le domaine de l'écriture, il est permis de mentir, de s'inventer une autre personnalité. Encore aurait-il fallu pour cela que les élèves disposent d’un minimum de culture livresque et d'une maturité suffisante.

C'est en cela que réside le rôle de l'Ecole : montrer que pour se connaître soi-même, il faut passer par la connaissance et l'analyse de l'Autre, de celui qui a vécu, qui a réfléchi sur son existence et qui livre par le biais d'une œuvre d'art un regard sur le monde et sur soi. Les classiques servent à cela : dire, comme l'affirme François Bégaudeau dans le film et dans ses commentaires sur ce dernier, que l'étude de Zadig est inaccessible aux élèves est une erreur regrettable. La dénonciation de l'intolérance religieuse, la célébration du savoir, la recherche du mot juste pour communiquer avec autrui, enfin les interrogations incessantes sur la Providence et la parabole finale du conte de Voltaire sont des thèmes qui touchent des adolescents en train de se construire. Par expérience, je peux assurer que dans ces classes difficiles notamment, c'est l'œuvre dont l'étude connaît le plus de succès.

La démagogie aboutit au repli aride sur soi, à l'enfermement dans son ignorance. Aucun élève ne ressort enrichi du travail demandé. Pire encore, l'enseignant accepte de dévoyer la nature de l'exercice en laissant un élève adopter un subterfuge : il a préféré prendre des photos de sa famille avec son téléphone portable (qui doit d'ailleurs coûter bien cher!). Les photographies sont imprimées au collège et sont affichées sur un mur de la classe. En guise de travail écrit, une légende d'une phrase accompagne chaque photographie. Bel exercice de rédaction! L'élève se sent gêné : qui aurait aimé voir la photographie de ses parents exhibée dans une salle de classe? Depuis quand la vie privée doit-elle faire l'objet de l'étude de la part des autres ? D'autant que les relations entre adolescents sont complexes et souvent empreintes d'agressivité. Le film le montre bien.

La théorie selon laquelle tout doit venir de l'élève est également dévoyée : faudrait-il demander à chacun de redécouvrir le théorème de Pythagore, les théories de Leibniz, l'argument du Pari de Pascal, les réflexions de Camus ? Demanderait-on à un bébé de cinq ans de trouver seul sa nourriture au nom des sacro-saints principes de l'intelligence et de l'autonomie des enfants?

Le film consacre l'échec de la démagogie, l'absence de respect dû aux élèves en ne leur transmettant pas le savoir auquel ils ont droit, en ne les punissant pas lorsqu'ils le méritent et en ne les sortant pas de ce ghetto intellectuel dans lesquels on les plonge en permanence. Ne nous y trompons pas, chacun a sa part de responsabilité : les élèves qui n'ont pas voulu faire le moindre effort, le Principal qui ne punit pas les déléguées au comportement inacceptable en conseil de classe, la Conseillère Principale d'Education qui semble n'être là que pour écouter les doléances des élèves sur les profs, le père de l'élève renvoyé qui ne s'est jamais donné la peine de venir voir ce que son fils faisait - ou ne faisait pas- au collège, les parents qui nient l'évidence, l'enseignant qui a démissionné parce qu'il n'en pouvait plus.

N'est-il pas remarquable qu'à la fin de l'année, lorsque l'heure du bilan est venue, les élèves fassent le constat qu'ils n'ont rien appris ou si peu : quelques bribes de connaissances mal assimilées en mathématiques, en géographie, en sciences, une phrase d'espagnol. Rien en Français : la matière n'est même pas mentionnée.
Comment à l'issue de ce constat criant, François Bégaudeau et Laurent Cantet peuvent-ils encore dans leurs déclarations faire l'éloge d'une pédagogie dont l'échec est patent?

Leurs considérations sont en porte-à-faux avec ce que donne à voir le film : il semblerait paradoxalement que la réalité qu'ils montrent leur reste incompréhensible mais le docu-fiction parle de lui-même et s'échappe de la prison idéologique dans laquelle on a tenté de l'enfermer.

Faire de la «diversité ethnique» un concept et une richesse est une attitude dangereuse : elle enferme chaque individu dans le déterminisme de ses origines. Ne sommes-nous pas tous uniques et à la fois tous semblables dans notre humanité ? Nous pensons, aimons, rêvons tous. Nous nous interrogeons sur la condition humaine, sur la mort, sur la vie, la passion. De quel droit décrète-t-on que la médiocrité du quotidien que dénonçait le poète Jules Laforgue et qui affligeait tant Mallarmé, doit devenir le centre de ce que dispense l'Ecole ?

Quelle «vie» s'agit-il de faire entrer dans ces quartiers dont au fond tout le monde se moque pourvu qu'on n'y habite pas? Sûrement pas la vie passionnante de Jacqueline de Romilly qui est d'ailleurs la première à plaider pour l'instruction de tous.
Lorsque François Bégaudeau demande à chacun de faire en son âme et conscience l'analyse de ce qu'il a éprouvé à l'Ecole en tant qu'élève, il évoque l'ennui profond qu'il ressentait. Je lui réponds que l'Ecole de la République que j'ai connue m'a au contraire apporté ce que le monde extérieur ne me donnait pas : la culture, le plaisir d'apprendre, d'analyser, de comprendre, de mieux formuler les questions que je me posais.

Il est vrai que nous n'avons pas la même origine sociale : je ne suis pas issue du milieu petit-bourgeois qu'il se plaît à évoquer. De là vient d'ailleurs le fait que nos débouchés ne seront jamais les mêmes, quels que soient les concours passés et les diplômes acquis. Nous ne connaissons pas et ne fréquentons pas dans la réalité les mêmes gens... L'on pourrait reparler à cet égard de la notion d'inégalité des chances et des systèmes de cooptation qui existent dans notre pays. Le self made man (or woman) n'est pas à la mode dans le pays des «héritiers» évoqués par Pierre Bourdieu, des gens bien nés... Mais passons...

Quelles conclusions tirer de tout cela?

L'Ecole doit rester le centre, le sanctuaire laïc de l'apprentissage du savoir, de la réflexion à partir de l'héritage - culturel cette fois - que tous les grands hommes et femmes nous ont laissé. Leurs œuvres, leurs réflexions font partie du trésor commun dans lequel chacun pourra puiser pour construire sa vie et assumer des choix qui ne sont jamais définitifs.

Sur le plan pratique, il suffit de s'en donner les moyens matériels et idéologiques. Il est vrai que pendant de nombreuses années, l'Ecole a reçu des moyens financiers et matériels substantiels pour pallier les carences de notre société. Mais l'idéologie inepte qui accompagnait cette aide et dont le film nous montre le résultat ne pouvait conduire qu'à l'échec.

Il faudrait conserver ces moyens et changer radicalement les points de vue et les mentalités. À commencer par la conception de ce que doit être l'Ecole et du rôle de l'enseignant dans la construction de notre société.

Curieusement et d'une manière tragique, tout métier qui se réfère à l'intellect, au savoir et à l'éducation est dénigré dans notre société. Pourtant, le professeur ne contribue-t-il pas autant, (si ce n'est plus) qu'un PDG ou un homme politique à l'avenir de notre pays ? Il aide des esprits à se construire – quand on ne l'empêche pas de le faire. N'est-ce pas essentiel?

La crise financière que nous vivons montre bien qu'une société doit reposer sur des valeurs autres que celles de la finance et du rendement.
Les difficultés rencontrées par les professeurs dans le film, le désespoir qui s'exprime parfois met à mal la théorie des heures supplémentaires qui seront exigées d'eux. Combien de temps un PDG, un homme politique tiendrait-il dans la situation décrite d'un enseignant qui, rappelons-le, a dû passer des concours difficiles pour exercer son métier?

Il faut accepter de mettre au premier plan la maîtrise de la langue, la réflexion sur des textes classiques et la dignité de l'enseignant. C’était le minimum du temps de Jules Ferry que nous prétendons regretter aujourd’hui... L’effort que nous refusons d’exiger des élèves n’est-il pas celui de remise en question idéologique que nous refusons d’exiger de nous-mêmes ?

Annick Azerhad, agrégée de Lettres modernes, docteur en Littérature française, ayant exercé en ZEP, dans des zones sensibles et dans des établissements difficiles pendant onze ans.. © Primo, 4 octobre 2008